Bivouac sans couac en kayak
Les jours rallongent, les températures remontent, sortant petit à petit nos désirs de découvertes et d’aventures de leurs torpeurs hivernales, il est (re)venu le temps de l’aventure en nature ! Enfin !
Cet appel intérieur nous invite à penser organisation de sorties, à des lieux qu’on aimerait visiter, des modes de déplacement et d’organisation à essayer …
Et si, pour votre prochaine sortie, vous organisez une randonnée avec un bivouac en nature ?
Après tout, ça sort de l’ordinaire, c’est accessible, pas très compliqué à organiser, ça coûte presque rien, et surtout, ça offre un moment unique, mêlant découverte de lieux, activité sportive et immersion dans la nature, ça pourrait être remboursé par la sécurité sociale tant ça fait du bien !
Mais qu’entends-t-on par bivouac ? Qu’est ce que cela implique ? Est ce que c’est légal ? Dangereux ? Réservé aux trappeurs et chasseurs cueilleurs ? Comment s’organiser pour ne pas que ma sortie bivouac se transforme en sortie couac sur couac ?
Cet article, basé sur notre expérience du bivouac et quelques éléments de documentation, va nous permettre de faire un tour d’horizon de “l’art du bivouac", ses valeurs, ses principes, et enfin son organisation matérielle et sportive.

Le bivouac est une pratique utilisée dans certains sports de nature et qui consiste à établir un camp au milieu de la nature pour y dormir.
Le bivouac se pratique généralement soit :
-Par précaution, un bivouac de fortune car impossibilité de dormir à l’endroit prévu initialement.
- Par choix délibéré, car l’itinéraire prévu est éloigné des hébergements, ou tout simplement pour être tranquille et dormir en pleine nature.
Attention : le but d’un bivouac est de s’arrêter pour passer la nuit, puis repartir au petit matin, sans laisser de traces de son passage, passer cette nuance revient à faire du camping sauvage, qui est une pratique souvent interdite.
Par exemple :
Le camping est interdit sur les plages, en bordure de routes, sur certains sites recensés ( parcs nationaux, parcs régionaux, réserves naturelles …)
Petite carte interactive pour des emplacements de camping sauvage :
https://www.lecampingsauvage.fr/carte-emplacements
Le bivouac est généralement toléré, sous réserve de l’accord du propriétaire du terrain si vous êtes sur un terrain privé (champ, forêts, jardins privés). Il est autorisé sur les sites publics, à l’exception de réglementations particulières sur des zones protégées (zones naturelles principalement, ou militaires !).
La décision d’autoriser ou non le bivouac sur les sites relevant des gestionnaires des parcs, le mieux étant de se renseigner au cas par cas pour connaître la réglementation en vigueur (sur le site internet des espaces naturels ou mairies voisines)
Maintenant que la loi a parlé, essayons de voir en quoi consiste “l’art du bivouac sans couac”
Le code de l’aventurier responsable :
Ce code, rédigé par le magazine outdoor “Les Others" (https://www.lesothers.com/), est une sorte de charte de bonne conduite pour celles et ceux qui veulent minimiser l’impact de leurs activités outdoor. Il s’appuie sur les septs principes du “Leave no Trace” qui est un programme éducatif diffusé dans les années 60 et reconnu à travers le monde et qui vise à rendre le plus viable possible la pratique du sport de plein air en sensibilisant les visiteurs des parcs et aires naturelles, quelques principes propres à notre époque, comme l’usage des réseaux sociaux ou le choix de l’équipement ont été ajoutés par les rédacteurs du magazine.
Les termes “code” et “aventure” peuvent paraître antinomiques, mais minimiser l’impact de nos activités sur la nature doit être une priorité, et ce code à pour vocation de nous ouvrir les yeux sur certains points qui peuvent nous échapper et qui pourtant, ont un impact négatif.
Maintenant, il ne s’agit que d’un code, édité sur un bout de papier ou sur une page de blog, c’est bien l’état d’esprit, et même une éthique de la nature que l’apprenti aventurier va adopter, qui va l’amener à minimiser son impact sur celle-ci.
C’est une pensée qu’on retrouve chez les “pionniers de l’écologie” américains comme H-D Thoreau, John Muir ou Aldo Leopold et qui est plutôt bien résumée par ce dernier :
Pour Aldo Léopold, dans ses livres L’éthique de la terre (1940) et Almanach d’un comté des sables(1949), le problème de l’écologie est qu’elle n’invite pas à développer une “éthique de la terre”, une attitude morale, car nous n’apprenons pas à aimer, voir et comprendre cette terre. “On ne peut avoir d’attitude morale qu’envers une chose visible, perceptible, compréhensible, aimable ou en laquelle on a foi”
La suite est plutôt simple (en théorie) :
« Une chose est juste lorsqu'elle tend à préserver l'intégrité, la stabilité et la beauté de la communauté biotique. Elle est injuste lorsqu'elle tend à l'inverse. »
Aldo Leopold nous parle même de sport dans son ouvrage :
“Le seul vrai progrès apporté par les loisirs de plein air, aux Etats Unis, est le développement de la faculté de perception des processus naturels. Toutes les autres choses que nous honorons de ce nom sont, au mieux des tentatives pour retarder ou pour masquer le processus de dégradation”
Revenons à nos moutons, ou plutôt à notre code de l’aventurier responsable, qui est décomposé en 3 grandes parties : Avant de partir, Pendant mon voyage, Après mon voyage.
Avant de partir :
Préparer sa sortie, c’est se renseigner afin de se mettre dans les meilleures conditions pour en profiter; s’intéresser à la destination, rechercher des informations essentielles sur les réglementations en vigueur, prévoir le matériel adéquat et adapter les moyens de transport utilisés.
La destination :
Je me renseigne sur la réglementation en vigueur de la zone dans laquelle je me rends, notamment en matière de feu et bivouac.
Si possible, je planifie mes sorties en dehors des périodes de forte fréquentation pour ne pas surcharger les sites.
Je prévois de me déplacer en petit groupe, de 4 à 6 personnes max.
Les habitants et les services disponibles :
Je privilégie les acteurs locaux à la grande distribution.
L’équipement :
Je privilégie l’achat de vêtements et de matériel d’occasion
Je n’hésite pas à louer du matériel en cas d’utilisations peu fréquentes
Je privilégie les marques qui produisent dans le respect de l’environnement et l’humain
Attention toutefois à ne pas mettre son intégrité physique en danger : certains équipements nécessitent d’être neufs ou reconditionnés, notamment en ce qui concerne la sécurité et l’assurage (gilets de sauvetage, cordes, mousquetons, VHF etc…)
Les transports :
Je covoiture, c'est sympa, on rencontre des gens, on discute, c'est pas cher et écolo.
Pendant mon voyage :
La majeure partie des règles à retenir pendant le voyage relèvent du bon sens. Laisser l’endroit comme il était lors de mon arrivée, ne pas déranger la faune et la flore et respecter les autres usagers.
La gestion des déchets :
J’emporte tous mes déchets avec moi : restes de nourriture, détritus …
Je m’éloigne au maximum des sentiers et des sources d’eau naturelles pour faire mes besoins, je ne laisse pas mon papier toilette sur place.
J’utilise des produits naturels pour me laver, me brosser les dents ou faire la vaisselle, et je m’assure que les eaux usées ne finissent pas dans les sources naturelles.
Les surfaces aménagées :
Je reste autant que possible sur les sentiers balisés, afin de ne pas participer à l’érosion des sites qu’ils traversent.
Je respecte les emplacements de bivouac. Je veille à ne pas étendre mon campement. Je concentre mon activité là où la végétation est absente.
La nature comme elle est :
Je ne déplace pas les pierres, les plantes, les troncs ou autres éléments naturels. Je ne construis aucune forme de structures ou d’aménagements.
Je laisse chaque endroit dans l’état dans lequel je l’ai trouvé à mon arrivée.
La vie sauvage :
J’admire les animaux sauvages à distance, sans les suivre ni les nourrir.
Je suis particulièrement vigilant pendant la saison des amours, afin de ne pas déranger la reproduction.
J’apprécie la faune et la flore, sans l’arracher ou la piétiner
Le respect des autres usagers :
Je suis respectueux des autres usagers et de la qualité de leurs expériences.
Je parle doucement, j’évite de faire du bruit (musique, cris …) je laisse prédominer le son de la nature.
L’impact des feux :
Les avis divergent concernant l’usage du feu de camp lors de bivouac sauvage, tant il est à la fois représentatif de l’aventure en nature, mais également un facteur de risque important, du fait des incendies dramatiques qu’il peut causer.
Ici encore, le principe de responsabilité vis à vis de la nature s’impose : afin de minimiser au maximum l’impact des feux de camp, voici quelques conseils utiles :
Respectez la législation du territoire.
Quand cela est possible, évitez le feu de camp et préférez un réchaud pour vous nourrir et des lampes afin de vous éclairer.
Quand cette pratique est autorisée, optez pour un emplacement qui a déjà servi à cela, des tôles ou des remblais de terre.
Déterminez avec soin l’espace du feu grâce à des pierres par exemple.
Faîtes un feu d’un diamètre le plus minimal
N’utilisez que du bois mort ramassé sur le sol.
Prenez soin d’éteindre entièrement le feu et réduisez tout le bois et braises en cendre.
Dispersez les cendres une fois qu’elles ont refroidi.
Ne laissez jamais le feu sans surveillance.
Maintenant que tout cela est dit, rentrons un peu plus dans le vif du sujet : parlons sport.
L’art du bivouac sans couac pourrait être résumée par la phrase suivante :
“Penser son bivouac, adapter son matériel, vivre son bivouac et gérer les imprévus”
Penser son bivouac :
Le bivouac est une pratique libre par excellence, mais qui demande une prise de conscience, non seulement des règles de bases de respect des lieux et des autres usagers des sites citées précédemment, mais aussi et surtout des impératifs techniques et d’organisation inhérents à la pratique.
Un bivouac s’organise donc, mais l’art du bivouac est encore un petit peu plus subtil que cela : il se pense, on réfléchit, on se pose les bonnes questions, mais on ne tombe pas dans l'extrême organisation, sinon ce n’est plus du bivouac.
Quand on pense sortie avec bivouac, on réfléchit à son itinéraire, à quelques points de passages, aux conditions, au matériel adéquat etc.
En kayak, pas de sentier tracé, on réfléchit par zone plus ou moins étendue, mais on réfléchit à des points de passages pouvant permettre de s’arrêter, visiter des lieux, et bivouaquer. Mais c’est bien le jour J, en fonction des conditions et de l’avancement de la sortie qu’on décide ou pas de partir dans une zone, prendre ce matériel, passer par tel ou tel point et bivouaquer ici ou là.
Adapter son matériel :
La question du matériel est un sujet qui intéresse bon nombre de personnes qui veulent s’essayer au bivouac (en kayak ou autres sports outdoor). Quel matériel choisir ? Comment l'organiser ? Pourquoi ce matos là et pas un autre ?
Selon nous, le mot d’ordre pour choisir son matériel est “adaptation”, il n’y a pas de matos de bivouac magique, juste du matériel + ou - adapté à telle ou telle aventure et telle personne.
Nous pensons qu’il n’est pas nécessaire d’avoir le matériel dernier cri pour partir à l’aventure, l’esprit bivouac, c’est avant tout de la débrouille, savoir faire de belles choses avec peu.
La liste qui va suivre n’est donc pas exhaustive, elle relève de nos expériences de bivouac en kayak et du matériel que nous avons eu à notre disposition et qu’on a donc pu tester.
Pour s’abriter : Se mettre à l’abri des éléments extérieurs (vent, de la pluie, du froid, insectes etc..)
Abris : du + ou - “confortable ( chacun sa notion de confort)
Tente + matelas + oreiller + duvet : confort 5 étoiles, mais un peu lourd tout de même
Tente + matelas + duvet
Hamac + Tarp + oreiller + duvet
Hamac + Tarp + duvet
Hamac + duvet
Tarp + duvet
Belle étoile + duvet : Confort 1 étoile, du bivouac de guerrier
La tente :
Choisir une tente compacte et légère, prenant peu de place, minimaliste (pas besoin d’une tente camping, avec l’entrée, le séjour, la cuisine et la chambre parentale)
La tente est la meilleure solution pour ceux qui souhaitent se sentir abrités du monde extérieur.
Nous avons testé la tente à arceau de la marque Decathlon, qui propose un très bon rapport qualité prix.
On salue également la démarche de Decathlon qui propose de la location et des pièces détachées pour remplacer des parties de la tente qui peuvent se casser, se déchirer etc…

Le hamac:
Le hamac est une bonne alternative pour pouvoir dormir à la belle étoile, en se sentant proche de la nature, mais en sécurité. C’est aussi une solution très pratique car compacte, légère et très facile d’utilisation.
Veillez tout de même à choisir un bon hamac, avec de bonnes fixations et un bon tissu. et lorsque vous installez votre hamac à ce qu'il soit bien tendu pour éviter la position cuvette, pas géniale pour votre dos.
Avant d’opter pour le hamac lors d’un bivouac en kayak, assurez-vous d’avoir des arbres à proximité de la plage ou vous débarquez, cela paraît bête mais ça évite de se retrouver à dormir à 200 mètres de son matériel.
Nous avons testé le hamac en toile de parachute de la marque Ticket to The Moon (https://fr.ticketothemoon.com/ ), un super hamac, pratique, compact, léger et résistant

Le tarp :
Sorte de toît en tissu imperméable avec de multiples possibilités d’utilisation pour s'abriter à différents endroits. Très simple d’utilisation, tient dans un petit sac et permet de dormir en étant protégé des intempéries, sans être coupé de l’environnement. Le tarp peut bien sûr être fixé au-dessus d’un hamac si la pluie vient à s’inviter pendant la nuit.
Le matelas :
Un bon matelas est un matelas compact, attention, beaucoup de matelas prennent beaucoup de place.
Voici un exemple de matelas léger et plutôt compact, en vente dans les boutiques vannetaises “tonton outdoor”

Le sac de couchage :
Choisir un sac de couchage léger et compact, avec une température de confort adaptée aux températures prévues lors des nuits de bivouac. Il est possibilité d’augmenter la température de confort (de près de 5°C) en utilisant un sac à viande en polaire, ça évite d'avoir à acheter 2 sacs de couchage ...
Le sarcophage de sac de couchage :
“Sursac” imperméable, très utile quand on dort à la belle étoile pour passer une nuit au sec.
Pour s’habiller/s’équiper : avoir des équipements adaptés aux conditions météo et au niveau d'activité physique.
Vêtements du soir : Permettent de passer la fin de journée au sec, pour récupérer de sa sortie sans attraper froid et perdre des calories inutilement.
Choisir des affaires chaudes mais compactables : jogging, t-shirt, polaire (+bonnet, chaussettes si froid de prévu le soir)
Vêtements de navigation : Ils doivent permettre de pratiquer dans n’importe quelles conditions, à la bonne température, en évitant les irritations ou autres désagréments. Le plus souvent, il vaut mieux prévoir 2 jeux de vêtements de navigation, afin d’en avoir un qui sèche pendant que l’autre sert et pouvoir se changer entre 2 pauses/jours.
Pour le kayak :
casquette
lunettes de soleil
Lycra / t-shirt technique : doivent protéger des UV, du vent, sécher rapidement et ne pas provoquer d’irritations
Bas court ou long/ Lycra ou néoprène (si kayak surfski)
K-way : en cas de pluie ou vent fort
Chaussures : pour pouvoir débarquer et marcher sans se blesser les pieds
Equipement de sécurité kayak :
Si vous partez en autonomie en kayak et que vous n’avez pas votre moniteur The Breizh to Be préféré pour assurer votre sécurité, quelques indispensables sont à prévoir :
Un compas/boussole
Une carte de la zone de navigation (carte SHOM)
Une VHF si vous allez à plus de 6 miles des côtes
Un bout de remorquage
Une écope
Une pinoche ou bouchon de liège
du scotch
des bouts
une pagaie de secours
dispositif lumineux
une montre
horaires de marées
Pour cuisiner/manger/boire : prévoir du matériel compact et pratique, des denrées alimentaires adaptées au besoins caloriques et aux impératifs de conservation.
Réchaud à gaz :
La solution la plus efficace pour faire la popote sous notre climat tempéré. Simple, compact, pratique.
Nous vous conseillons un réchaud à gaz déporté (réchaud et bouteille reliés par un tuyau) pour plus de stabilité (ce serait bête que le plat finisse dans le sable). Si vous galérez à allumer votre feu de camp avec votre pierre à feu, il peut également vous aider à l’allumer grâce à son mode “chalumeau ricain”, utile en conditions humides …
Des alternatives plus écologiques et plus simples existent, comme les réchauds à bois, mais encore faut-il pouvoir trouver du bois sec aux alentours (Test à venir on vous tient au courant !)


Le site https://www.monrechaud.com/, propose plusieurs gammes de réchauds à gaz/alcool/ bois/multi combustibles,et les combustibles qui vont avec, le tout livré très vite et dans des cartons recyclés, sans plastique.
Carton jaune ce coup ci pour Decathlon, qui vend des réchauds à gaz mais ne sont pas capables d’avoir des cartouches en magasin …
Une popote et des couverts de camping :
En bivouac, chacun pense à ses couverts personnels (assiette, couverts, gobelets), et on nomme un référent popote. Ici, pas de recommandations spéciales, vous pouvez même prendre vos couverts de maison si vous n’avez pas de couverts de camping
Utilisez ce qui vous paraît le plus adapté
Une belle assiette et des couverts en inox ou en titane, ça donne un style de trappeur/bûcheron/cueilleur assez classe, mais ça coûte un bras, qui pourra vous servir pour la partie kayak.
Le miam miam et le glouglou :
Nous nous garderons bien de vous proposer un tuto cuisine de bivouac (quoique le concept peut être sympa), mais juste quelques conseils et recommandations pour un miam miam sans couac :
Veiller à utiliser des ingrédients qui se conservent bien (oeufs, légumes, féculents …)
Stockez les fruits et légumes selon leur production et leur sensibilité à l’éthylène ( gaz produit naturellement par les végétaux, qui régule la croissance mais aussi peut altérer la qualité et accélérer le vieillissement des fruits et légumes). Certains produits émettent peu d’éthylène, d’autres en produisent beaucoup. Certains sont faiblement sensibles, d’autres vont réagir fortement en présence d’éthylène, il faut éviter de stocker des fruits et légumes sensibles à l’éthylène (pomme, kiwi, abricot, prune, avocat, asperge, brocoli, choux, carotte, concombre, aubergine, courgette, haricot, laitue, endive, melon, poireau…) à côté de ceux qui en produisent beaucoup (pomme, abricot, melon, nectarine, poire, prune...).
Devenez chasseur/cueilleur, partir à l’aventure, c’est aussi valable pour trouver sa nourriture : prévoyez une petite traîne pour pêcher sur votre kayak et une séance de cueillette d’algues comestibles (nori, dulse, laitue de mer, himanthalia …), ou de pêche à pied.
Du zéro déchets : pratique et bon pour la planète, privilégiez des emballages biodégradables, que vous emporterez avec vous dans une poubelle.
Prévoir une bonne quantité d’eau ( environ 2,5 L d’eau par jour et par personne) stockée dans des “vaches à eau”, pratique, elle peut se caler dans une trappe au fond d’un kayak et évite de prendre plusieurs contenants.
Nommez un référent bière : parce qu’un bivouac sans apéro est un bivouac raté (dicton breton), veillez à ce que le référent prévoit la bonne quantité (et qualité) de bière, avec le moins de contenant possible (privilégier des grandes bouteilles et chacun se sert au gobelet)
La navigation : l'aventure sur l'eau
Quelques recommandations pour la navigation :
“ Ménager l’homme et le bateau”,
petit conseil de Bernard Moitessier, dans ”La Longue Route”, 1968 , récit de son aventure lors du Golden Globe, où il fit le tour du monde une fois et demi, sans escales ni assistance, il sait donc de quoi il parle le Bernard.
N’oubliez donc pas que vous partez pour plusieurs jours, que vous êtes chargés et que les conditions peuvent évoluer, ainsi, veillez à toujours en garder sous la pagaie.
Avant de partir, décidez collégialement d’un itinéraire avec les participants, chacun doit être au courant de l’itinéraire et doit pouvoir émettre des objections, tout le monde n’a pas le même niveau, la même perception du risque et réaction face au danger.
L’itinéraire doit être adapté aux conditions actuelles et prévues, au niveau des pratiquants et doit surtout prévoir des réchappes en cas de déconvenues (casse de matériel, problème physique, météo …).
Identifiez des zones où vous pourrez éventuellement vous arrêter dans la journée et/ou bivouaquer le soir (en ayant en tête les zones autorisées/recommandées)
Pendant la sortie, veillez à ce que le groupe ne s'éparpille pas trop et que tout le monde est à vue, guettez de temps en temps si les conditions de météo ne se dégradent pas (apparition de cumulonimbus, de cirrostratus, de brouillard etc..) ou, en milieu de journée, si le thermique se lève.
Le reste du temps, profitez !
A travers ce petit article, plutôt généraliste, nous avons voulu vous partager notre vision du bivouac, des principes élémentaires de respect de la nature, à l’organisation matérielle pour enfin se centrer sur l’activité sportive en autonomie.
Nous espérons surtout qu’il permettra de “lever des barrières” (idéologiques, matérielles,réglementaires, organisationnelles) qui peuvent stopper une personne cherchant à vivre une aventure sportive en nature, l’appel de la nature est puissant mais certaines contraintes peuvent refroidir, même les plus téméraires.
Maintenant que ce petit tour d’horizon est fait, et par souci d’honnêteté, nous tenons à préciser que le titre de cet article “l’art du bivouac sans couac”, est légèrement biaisé.
En effet, nous pensons que le bivouac sans couac n’est pas possible, et même qu’il n’est pas souhaitable dans la mesure où il est une aventure en nature et que, par définition , cela induit une nécessaire adaptation au milieu, entraînant parfois des déconvenues, mais c’est le jeu ! La capacité d’adaptation et parfois de résilience, sont des valeurs fondamentales pour tous sportifs de nature, il en va de même dans la vie de tous les jours, mais c’est un autre débat
“L’aventure commence quand les ennuis arrivent”
comme dirait l'aventurier Guirec Soudée dans “Le monde selon Guirec et Monique”, dédicace à notre copain Jonathan, qui nous a accueilli au port de Gijón avec cette citation lorsqu’on avait cassé notre safran lors de notre tour de la péninsule ibérique à la voile.
Nous espérons donc que vous allez faire pleins d’erreurs (qui, si vous avez en tête les principes généraux de cet article, ne seront pas dramatiques !) afin de vous forger une expérience personnelle de l’aventure en sport de nature, avec votre propre vision du bivouac, votre propre organisation matérielle et sportive, votre propre éthique de la nature, qui s'ancrent en vous, bien plus que cet article !
Notes bibliographiques :
Code de l’aventure responsable, les Others Magazine n°12 “(Re)construction, 2020
L’éthique de la terre, Aldo Leopold, 1940
La Longue Route, Bernard Moitessier, 1968
Le Monde selon Guirec et Monique, Guirec Soudée, 2019