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"Eco-Construction" d'un kayak de mer- Partie 1

Dernière mise à jour : 25 mars 2021

L'éco-conception est un principe qui commence à se répandre dans de nombreux domaines et qui vise à réduire l'impact environnemental des produits en les fabriquant à partir de matériaux 100% naturels et/ou bio-sourcés/recyclés, le tout, en utilisant des procédés de fabrication et de distribution peu énergivores (c'est encore mieux !).



Source : ecosystem.eco


Source : éco-conception.fr












Emballages, vêtements, chaussures et mêmes certains bâtiments sont désormais éco-conçus, réduisant fortement l'impact environnemental engendré par leur fabrication, leur distribution et leur fin de vie.


Le sport est, paradoxalement, un domaine qui a longtemps "résisté" à l'éco-conception, car jugée trop coûteuse, peu qualitative et difficile à mettre en place.


Historiquement, seules quelques marques se sont fondées autour du concept d'éco-conception, comme par exemple Patagonia (1987), Icebreaker (1994), Fjällräven (1970), pour ne citer qu'eux (ce post n'est pas rémunéré rassurez-vous)




Ces "pionniers" de l'éco-conception ont ouverts la voie à de nouvelles marques comme Picture (vêtements sportswear éco-conçus, fondée en 2008), Notox (planches de surf en fibre de lin, fondée en 2010), Natural Peak (vêtements d'alpinisme,fondée en 2014), qu'on peut appeler "2ème vague verte du sport", issue de la "houle écolo" qui se forme et se renforce actuellement (Wooow en voilà une belle métaphore marine)






Comme tout pratiquants de sports de nature, nous sommes sensibles au respect de l'environnement, quoi de plus normal ... qui voudrait faire du kayak sur une mer de déchets, courir dans une forêt/décharge ou surfer sur du pétrole ?


Alors un jour, nous nous sommes demandés si, nous aussi, nous pourrions "surfer" sur cette seconde vague verte du sport et construire des kayaks éco-conçus.


Pour rappel, le kayak se pratique dans des embarcations et équipements conçus en plastique, en fibre de verre (issue de la pétrochimie), ou en carbone (pétrochimie également).

On y reviendra, mais en bref, la construction d'un kayak utilise des matériaux dérivés du plastique et nécessite un processus de construction très énergivore, pour un produit final, vous l'aurez compris, loin (très loin) d'être recyclable/biodégradable ...


Alors en toute honnêteté, nous n'avons rien inventé concernant la construction d'embarcations en matériaux bio-sourcés, en effet, quelques équipementiers proposent déjà ces produits, en surf et voile principalement.

Côté kayak, la marque Plasmor, avait lancé en 2006, un prototype de kayak en lin, en partenariat avec l'Université Bretagne Sud, mais le projet n'a pas abouti à une commercialisation car jugée peu rentable ...


De notre côté, notre cher Irvin revenait d'un stage dans un chantier naval (IDB Marine) qui construisait à ce moment là, un voilier habitable en fibre de lin (le Virgin Mojito 888), "petit frère écolo" du Mojito 888.

Alors voilà, ça nous a un peu démangé de tester cela sur un kayak.



Virgin Mojito 888 - Source : blog.idbmarine.com


C'est alors que le confinement arriva, pile à temps pour se lancer dans la construction de ce kayak "éco-construit".


Pour ce 1er article dédié à l'éco-construction, nous allons tenter de vous présenter laes ingrédients nécessaires à la recette du kayak éco-conçu, en restant assez général et en vulgarisant certains termes, évitons de faire fuir les néophytes curieux ...


Alors, pour construire un kayak, il vous faut :


- Un moule : Et oui, la forme du kayak est celle du moule dans lequel il est construit, contrairement aux surfeurs qui "shapent" leurs planches en "taillant" la forme dans un bloc de mousse.

Alors oui, un moule de kayak, ça ne se trouve pas sous le sabot d'un cheval, il faut avoir quelques contacts (dans des clubs ou chez des particuliers) ou le faire soi-même à partir d'un bateau existant (avec du plâtre, bien que cette technique ne soit pas très bien vu chez les constructeurs)

Notre moule à nous est historique puisqu'il s'agit de l'un des premiers moules de kayak de mer, importé en Bretagne dans les années 70 par René Trégaro, figure emblématique du kayak breton, qui nous a gentiment été prêté par Benoit Le Roux, autre figure emblématique bretonne, champion d'ocean-racing et fondateur de la marque de sufski bretonne O'Krea.


- Une âme : Un kayak à une âme (dans tous les sens du terme !). Ici on parle de la structure de base qui va servir de base et de "colonne vertébrale au kayak". Dans le soucis d'avoir une âme bio-sourcées, et non en mousse EPS plastique, nous avons opté pour une âme en liège aggloméré. L'âme du kayak est très importante car elle doit pouvoir supporter des contraintes mécaniques importantes, tout en "laissant passer" la résine vers les fibres lors du processus d'infusion.


- De la fibre : Présentées sous la forme d'un "tapis tissé", la fibre est l'élément le plus important du kayak puisqu'elle le recouvre en totalité. Pour notre kayak, nous avons utilisé de la fibre de lin de 250 g par mètre carré, cultivée, récoltée et tissée en Normandie.


- La résine : Autre élément très important pour la construction d'un kayak en composite, la résine permet de "souder" les fibres entre elles, l'âme du bateau et les fibres et rendre le tout solide et imperméable. Pour ce qui est de la résine, c'est un véritable casse-tête pour trouver de la résine bio-sourcée, la quasi totalité des résines étant fabriquées à partir de pétrole raffiné ou bio-sourcées "seulement" à 60-70% ...

Ce kayak a donc été construit avec de la résine pétrochimique, (boooouuhh !)

Mais, nous avons trouvé un fournisseur de résine bio-sourcée pour nos prochains kayaks, mea-culpa ...


-Du gel-coat, de couleur pour un kayak un peu "peps", ou blanc pour un style plus classique, mais surtout pas noir, sous peine que votre kayak fonde au soleil.


- Une pompe à vide, comme celle qu'on trouve dans les salles de traite de vaches (hein quoi ?), la pompe permet de "faire le vide" dans le moule pour ensuite "infuser" les tissus de résine par des tuyaux.


-Une blouse, une bâche, des tuyaux, un masque, des pinceaux bref de l'équipement de peintre ...


Le défi de la construction d'un kayak en fibre de lin réside dans le fait que presque tous les kayaks sont construits selon un procédé de construction appelé "moulage au contact", alors que notre fibre de lin nécessite un procédé de construction appelé "moulage par infusion".


Pour vous la faire courte, lorsqu'on construit un kayak avec le moulage au contact, on tapisse le moule des fibres par couches successives, "tamponnées" au pinceau imprégné de résine pour les faire adhérer ensemble, alors que le procédé par "infusion sous vide" consiste à mettre l'âme et les tissus dans le moule, recouvrir d'une bâche et aspirer le vide pour ensuite envoyer de la résine par des tuyaux, imprégnant l'ensemble d'un seul coup.





Rendez-vous dans le deuxième article pour voir les premières étapes de la construction d'un kayak "éco-conçu" ...














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